Les artisans se réinventent face au covid-19 : le portrait de Denis Charignon et ses collaborateurs miroitiers

Denis Charignon et ses quatre collaborateurs sont miroitiers : ils travaillent le verre. Avec le confinement, la miroiterie éponyme a pris le parti de participer à l’effort collectif en produisant du plexiglass de protection.

Un succès économique ; une fierté citoyenne !

Ça été brutal, instantané, en quarante-huit heures, plus rien !” Un coup de bambou accentué par la périodicité de son activité, “qui repart au début du printemps.

Or, pour Denis Charignon, la sentence est sans appel : “Une entreprise a l’obligation de faire du chiffre d’affaires !” Et de renchérir : “Le fait d’être confiné et de me retrouver seul au milieu des 500 m² de mon atelier m’a totalement déstabilisé. Il m’a fallu quelques jours pour me ressaisir en commençant par repenser le lieu de travail. Et puis, une boulangerie de Couzon-au-Mont-d’Or m’a sollicité pour une protection en plexiglass, puis deux, puis trois, puis quatre… La mairie de la commune est venue en soutien en apportant une aide financière aux commerçants désireux d’installer une vitre pour se protéger. Enfin, le bouche-à-oreille a fait le reste, les réseaux sociaux notamment. En temps normal, nos publications recensent une centaine de vues. Et là ? Des milliers !

Denis Charignon délaisse donc (un temps) son cœur de métier : seulement, “il faut faire du stock, j’avais à peine une ou deux plaques de plexi”. Après moult recherches, l’entreprise Richardson lui livre dix plaques (60 m²) dans différentes épaisseurs (2, 4 et 6 mm). Un investissement de 2 500 € ; fin avril, une deuxième commande d’une dizaine de plaques arrive dans l’atelier de Couzon-au-Mont-d’Or.

"Passer du plexiglass au verre pour faire des choses plus pérennes, plus esthétiques ?”

À cette date, Denis a déjà produit deux cents vitres de protection : “Nous avons simplifié notre offre commerciale avec des modèles standards (trois côtes : 50 x 80 ; 60 x 80 ; 68 x 80) et du sur-mesure, notamment pour des guichets de banques ou les caisses des commerçants.” Et adapter son process de production :

Le verre est une opération plus “simple” : on coupe, on façonne, on perce, sans compter le polissage à commande numérique. Or, le plexiglass nécessite davantage d’opérations. Nous avons donc repensé l’utilisation d’une machine à verre feuilleté avec un filtre chauffant, en privilégiant du plexiglass monobloc.

Mais Denis Charignon est miroitier ! “Dès le retour d’un semblant à la normale je retournerai voir mes clients pour leur rappeler que je suis d’abord un miroitier qui propose du plexiglass.” En attendant ce dernier l’a (économiquement) sauvé : “Nous payons nos charges, nos salaires : en avril, nous avons réalisé 80 % de notre chiffre d’affaires.

Demain, il faudra sans doute s’occuper d’autres corps de métiers, comme les coiffeurs, taxis et camions de chantier et les équiper de protections d’intérieur. Un défi de plus pour Denis et son équipe. Qui en appelle un autre, tout aussi important pour le patron de la miroiterie Charignon : “Fin février [sic], un salarié qui travaille avec moi depuis huit ans est devenu associé de l’entreprise à hauteur de 30 % avec pour dessein de prendre ma succession dans cinq ans. Vous me demandiez ma motivation ? Elle est sous mes yeux [sourire].


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