Les artisans se réinventent face au covid-19 : le portrait de Bodmer et Fils

Le laboratoire Bodmer et Fils ? Une entité qui exploite deux marques, tournées vers le bien-être des chiens, chats, NAC et chevaux. Une signature cosmétique pour animaux donc qui, en quelques jours, a su adapter son process de production pour confectionner une solution hydroalcoolique glycérinée. Les animaux sont vraiment nos meilleurs amis…

D’un coup, plus d’appel, ni de mail, rien. Le vide. À croire que nous étions en plein mois d’août.

Pourtant, Rémy Bodmer, directeur du laboratoire Bodmer et Fils avait anticipé le confinement : “J’ai de la famille dans le domaine médical… Dès le 6 mars, nous avons donc mis en place le télétravail pour nos trois commerciaux. Pourtant, dix-jours plus tard, nous sommes face à une situation inextricable : soit nous trouvons une activité complémentaire pour survivre, soit le risque est grand de mettre la clé sous la porte…

Heureusement, le cœur de métier du laboratoire tombe à point : racheté en 2006 par Rémy Bodmer (qui installe l’entreprise alors montpelliéraine à Neuville-sur-Saône, trois ans plus tard), il exploite une large gamme de soins de beauté et d’hygiène à destination des chiens, chats et nouveaux animaux de compagnie (Ladybel) et depuis 2017, une seconde marque (Équibel), à l’adresse des chevaux. Un métier de “niche” qui s’adresse aux toiletteurs, éleveurs et amateurs de concours de beauté.

Nous réalisons 35 % de notre chiffre d’affaires (un peu moins de 500 000 en 2019) à l’international, et avant la pandémie nous ambitionnions les 50 % dans les deux ans”, sourit Rémy. Car tout cela, c’était avant…

Mais une lueur d’espoir a surgi : “Nous avions de l’alcool pour faire des parfums et le numéro d’agrément des douanes qui l’accompagne. Élaborer une solution hydroalcoolique devenait donc une alternative crédible : nous avons attendu que l’arrêté tombe le 20 mars et, avec mon fils, Clément ainsi qu’une salariée, Maryline, nous avons commencé notre production quasi-immédiatement : flacons, emballages et étiquettes ayant été achetés en amont (non sans mal…) ainsi que notre complément de matière : la glycérine végétale, achetée en France et en Espagne.

Bientôt 20 000 flacons par jour grâce à une nouvelle machine de conditionnement

Le 25 mars, les premiers flacons sortent : 200 ml, 400 ml, 1 litre et 4 litres. Pas de surprise sur les prix : ce sont ceux fixés par l’État ; ni sur l’engouement : taxis, professions libérales, artisans, PME, TPE, une importante enseigne qui approvisionne les pharmacies, “les gens n’ont pas attendu les directives gouvernementales, la débrouille a joué à plein”, se félicite Rémy Bodmer qui, par ailleurs, livre dans toute la France ; 1 500 flacons/ jour, “parfois jusqu’à 2 000, à trois personnes !” et prochainement 20 000 grâce à une nouvelle machine de conditionnement.

Pour notre solution, nous suivons les recommandations de l’OMS, avec 80 % d’alcool en volume. L’alcool justement est de qualité alimentaire, fait en France à partir de betteraves tricolores !”, insiste Rémy Bodmer qui, depuis mi-avril avoue “avoir économiquement sorti la tête de l’eau, malgré le fait que le mois de mars ait été quasi-perdu.

Et de renchérir : “Nos trois commerciaux sont en chômage partiel et totalement dévoués à la vente de solutions hydroalcooliques.” Pour combien de temps ? “Nous profitons d’un état dérogatoire à propos des biocides (produit qui détruit les nuisibles) jusqu’au 1er septembre mais tout porte à croire qu’il sera prolongé jusqu’en juin 2021 : nous allons donc continuer cette production, tout en menant de front notre activité originelle.En avril, le laboratoire Bodmer et Fils a produit 3 000 litres de solutions hydroalcooliques, à défaut du bien-être des animaux, il fallait protéger des hommes et des femmes. La roue tourne. 


Retour aux actualités